Publié le Août 21, 2020Mis à jour le Février 12, 2024
À l’heure où nous rêvons tous d’un moment d’évasion, il est essentiel de garder les bons réflexes : le voyage, qu’il soit proche ou lointain, romantique ou farniente, doit s’inscrire dans une démarche durable. C’est en tout cas le credo de Monaco et du groupe Monte-Carlo Société des Bains de Mer depuis plus de dix ans. À l’occasion d’une rencontre avec deux femmes monégasques qui ont fait de la durabilité leur métier, nous dressons ici des engagements et les réussites du resort en matière sociale et environnementale.
Estelle Antognelli est en charge de la cellule Tourisme Responsable à la Direction du Tourisme et des Congrès de Monaco.
De son côté, Eva Elmshäuser est Chargée de mission Développement durable au sein du groupe Monte-Carlo Société des Bains de Mer. Elle est rattachée à Dimitri De Andolenko, responsable de la politique du Développement Durable du resort depuis 2007.
Monaco est connue pour être une destination de luxe. Le luxe peut-il vraiment être durable ?
Estelle Antognelli : Le luxe et la durabilité ont beaucoup en commun, surtout si l’on définit le luxe en termes de haute qualité. Aujourd’hui plus que jamais, les produits de luxe sont prisés pour leur longévité, une caractéristique qui les inscrit dans les critères du développement durable. Le luxe, la qualité et le développement durable… ces trois mots vont de pair.
Eva Elmshäuser : Bien sûr. Le luxe, tout comme le développement durable, est fondé sur la longévité, la qualité et la créativité. En outre, il est actuellement en cours de redéfinition… Aujourd’hui, ce qui est luxueux se doit aussi de prendre en compte les enjeux environnementaux.
La Principauté est-elle une destination verte ?
EA : Si la Principauté est connue pour son Grand Prix de Formule 1 et pour son tourisme de luxe, elle l’est également pour les actions qui sont menées en matière de développement durable et sa politique environnementale menée par le Gouvernement sous l’impulsion de S.A.S le Prince Albert II de Monaco. La Fondation Prince Albert II de Monaco a d'ailleurs financé plus de 370 projets environnementaux au cours des dix dernières années. La Principauté s’est également engagée à réduire ses émissions carbone de moitié en 2030 par rapport à 1990, et à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Enfin, depuis 2018, Monaco est membre du GDS (Global Destination Sustainability) Index, un programme qui mesure et soutient les stratégies de soutenabilité des grands lieux touristiques dans le monde. À plus long terme, l’objectif est de nous améliorer afin de faire partie des destinations les plus responsables. Nous travaillons sur un grand projet : un livre blanc dédié au tourisme durable et destiné à définir une stratégie à long terme et en lien avec les Objectifs de Développement Durable fixés par l’ONU.
Le groupe Monte-Carlo Société des Bains de Mer est-il aussi engagé dans cette démarche ?
EE : En effet, nous nous sommes affirmés comme un partenaire privilégié dans la gestion des ressources monégasques. Nous souhaitons être les pionniers d’un luxe toujours plus vert et plus durable. Et cela se traduit par des mesures concrètes. Par exemple, l’énergie qui alimente nos établissements provient de nos propres centrales de pompes à chaleur très performantes, eau de mer-eau. Celles-ci sont alimentées en électricité issue des contrats « egeo », c’est-à-dire que l'équivalent de la consommation d'énergie électrique a été produit à partir de sources d'énergie d'origine renouvelable. Nous avons également converti la quasi-totalité de notre éclairage en LED. Nous avons lancé en janvier 2019 notre troisième Charte Développement Durable dont les 30 engagements s’alignent parfaitement aux objectifs de la Principauté : réduire les émissions carbone et proposer une offre qui apporte toute l’excellence de notre savoir-faire, ceci en respectant l’être humain et l’environnement.
Nous mettons l’accent notamment sur la suppression des articles en plastique, la dématérialisation et la réduction de la consommation de papier, ainsi que, du côté de l’offre culinaire, sur un renforcement des partenariats avec des fournisseurs locaux. Nous menons depuis 7 ans une démarche de mise en certification Green Globe de nos établissements : aujourd’hui, tous nos 4 hôtels sont certifiés, ainsi que les Thermes Marins Monte-Carlo et le Café de Paris Monte-Carlo. Trois établissements (le Monte-Carlo Beach, le Monte-Carlo Bay Hotel & Resort et les Thermes Marins Monte-Carlo) ont même obtenu le Green Globe Gold Standard, c’est-à-dire qu’ils sont certifiés depuis plus de 5 ans et ont prouvé une amélioration continue de leurs pratiques pendant toute cette période.
Accordez-vous de l’importance à la protection du littoral et des écosystèmes marins ?
EE : La préservation du milieu marin constitue un objectif important de SAS le Prince Albert II de Monaco. Cet engagement a notamment mené à la création de deux zones marines protégées, l’une au Larvotto et l’autre au Tombant des Spélugues. Le resort Monte-Carlo Société des Bains de Mer travaille activement avec les associations locales pour contrôler les risques de pollution des eaux et soutenir la réinsertion d’espèces protégées. Ces objectifs sont d’ailleurs aussi inscrits dans notre Charte Développement Durable. En outre, deux de nos hôtels, le Monte-Carlo Bay Hotel & Resort et le Monte-Carlo Beach, se situent respectivement au milieu et en bordure de l’aire marine protégée du Larvotto ; nous sommes conscients du rôle important que nous avons à jouer dans sa gestion, et nous participons étroitement aux réunions qui la concernent.
Avez-vous une politique concernant la gestion de l’eau ?
EE : La préservation de l’eau passe forcément par une rationalisation et une diminution de sa consommation. Nous veillons donc à mener une gestion intelligente de notre utilisation, avec la mise en place de matériel économe en eau et la sensibilisation du personnel aux bonnes pratiques. Depuis 2007, cette politique nous a permis de réduire notre consommation de 35 %, alors même que notre activité a augmenté suite à l’inauguration du One Monte-Carlo et à l’expansion de l'Hôtel de Paris Monte-Carlo. En outre, nous avons mis en place un système de surveillance des fuites, si petites soient-elles. Toute anomalie est surveillée par le personnel sur place et communiquée via un call center aux services techniques pour intervention immédiate. La mise en place de compteurs radioguidés, prévue prochainement, aidera à réduire encore davantage les consommations d’eau grâce à un suivi des consommations en temps réel.
Le Grand Prix de Formule 1 est un grand producteur d’émissions carbone. Y a-t-il des projets envisagés pour réduire cette pollution ?
EE : Comme tous les grands événements sportifs, le Grand Prix de Monaco produit effectivement une grande quantité d’émissions carbone. Conscient de cette problématique, le Formula One Group - l’entité qui organise les Grands Prix de Formule 1 - a annoncé en 2019 son objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2030. Pour ce faire, il compte privilégier les biocarburants et les énergies renouvelables, et optimiser le calendrier des courses en vue de limiter les déplacements. Comme ces mesures ne seront pas suffisantes, les émissions restantes seront compensées par des projets de plantation d’arbres. Cela limitera fortement l’impact de cet événement sur l’empreinte carbone de Monaco. Rappelons en outre l’existence du Grand Prix de Formule E, une course certifiée durable dont la première occurrence a eu lieu en Principauté en 2015.
La volonté de Monte-Carlo Société des Bains de Mer de s’inscrire dans une démarche durable prend-elle également en compte les aspects sociaux ?
EE : Le groupe Monte-Carlo Société des Bains de Mer a toujours accordé une grande importance au bien-être de ses employés. Depuis sept ans, nous menons officiellement une politique de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) qui confirme et encadre cette démarche. Il faut savoir que les certifications Green Globe décernés à nos hôtels ne prennent pas seulement en compte les critères environnementaux. Ils récompensent également la qualité des conditions sociales en vigueur dans nos établissements, ainsi que notre engagement sociétal auprès d’associations locales et internationales. Ils constituent donc la récompense d’une politique “durable” au sens large.
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