Publié le Novembre 06, 2023Mis à jour le Novembre 28, 2024
En 2023, le concept de « smart city » ne cesse de s’affiner. Alors qu’on désignait sous ce terme toute ville intégrant des éléments numériques dits « intelligents », les smart cities deviennent aujourd’hui ces agglomérations où la technologie sert à améliorer la qualité de vie et à réguler l’impact environnemental des activités humaines. Un engagement fort qui séduit de nombreuses grandes capitales ou villes à forte attractivité, sans oublier les cités-États, comme Monaco.
La notion de « smart city » va de pair avec le développement des objets connectés au début des années 2000. C’est à cette date que l’informatisation de la gestion des déchets, ainsi que des réseaux d’eau, d’énergie et de transport s’est accélérée. Grâce à des capteurs, des serveurs, des algorithmes, les villes les mieux équipées ont pu optimiser l’ensemble de leurs services. Résultat ? La naissance de « smart cities », des villes utilisant la technologie pour économiser les ressources et offrir à leurs résidents une très haute qualité de vie.
Les organismes et les universités qui se sont spécialisés dans l’étude et le classement des smart cities ont élargi le concept afin que de nombreux aspects soient étudiés pour établir le palmarès. L’IMD Smart City Index 2023, défini par l’International Institute for Management Development en collaboration avec la World Smart Sustainable Cities Organization, pondère le ressenti des habitants autour de la santé, de la sécurité, des mobilités, de l’organisation de la ville, de sa gouvernance avec des données économiques brutes, afin de brosser le tableau des métropoles où la technologie sert le bien-être des habitants ainsi que la vitalité économique et écologique de l’agglomération.
Avant cela, ce sont des villes créées ex nihilo ou presque qui ont le mieux représenté le concept de smart city. Au début des années 2010, la ville internationale de Songdo, en Corée du Sud, a innové avec son système de collecte d’ordures centralisé et vertueux, l’usage de caméras et de capteurs à grande échelle pour la surveillance, le monitoring des mobilités ainsi que le partage d’informations météo et de gestion de trafic en continu. Des cités de plus grande importance ont ensuite adapté leurs infrastructures à ce type de modèle.
Régulièrement classée sur le podium des villes les plus intelligentes et vertueuses du monde, Oslo fait figure d’exemple en matière de sobriété énergétique à travers de grands aménagements : incitations à la circulation des véhicules électriques, système d’éclairage LED smart pour adapter la luminosité des lampadaires à la visibilité en temps réel, sans compter l’usage de data pour limiter les émissions de CO2 de manière transparente… De nombreuses initiatives qui ont incité les capitales voisines à imiter ce modèle norvégien : Copenhague, Helsinki et Stockholm sont dans le top 10 des smart cities établi par IMD, preuve d’une tendance toute scandinave à exiger une haute qualité de vie.
Si aujourd’hui nombre de grandes métropoles ont intégré l’innovation dans leur gouvernance et leurs pratiques, c’est Barcelone qui a longtemps représenté la première smart city d’importance. Dès 2015, époque où la 3G était luxueuse, la cité catalane avait lancé un service de Wi-Fi gratuit, mis en place un système de capteurs pour détecter les places de stationnement libres, organisé la collecte des déchets en fonction de data afin de diminuer le nombre de rotations des camions à ordures, ou encore développé des mesures de densité urbaine pour adapter l’éclairage public… Autant de technologies qui ont fait figure de vitrine pour les autres villes souhaitant adapter leur consommation énergétique et optimiser leur fonctionnement.
En 2014, le gouvernement de la cité-État asiatique lançait le programme Smart Nation. Son but ? Faire de Singapour une smart city, basée sur des piliers comme l’économie digitale, le gouvernement numérique et les innovations sociétales. Intelligence artificielle, numérisation des services publics, véhicules autonomes, télémédecine, Internet des objets ont fourni depuis de nombreux exemples de ce projet à long terme qui fédère de nombreux secteurs de Singapour, du logement social aux fleurons de la finance. Première smart city asiatique au classement de l’IMD en 2023, la ville demeure un exemple pour toutes les cités-États de la planète, qui peuvent faire coïncider la qualité de vie des citoyens de l’agglomération avec leurs perspectives de développement.
Zurich au premier rang, Lausanne au cinquième, Genève au neuvième : en 2023, la concentration de smart cities de la Confédération helvétique dans le top établi par l’IMD s’avère remarquable. Un programme Smart City Suisse, mis en place dès 2012, à l’aide des institutions académiques, des administrations publiques et des entreprises, a soutenu de nombreux projets dans ces trois villes suisses. De l’autopartage aux panneaux photovoltaïques, en passant par les smart buildings de Zurich, les écoquartiers de Lausanne ou les mesures antibruit ambitieuses de Genève, le meilleur de la technologie se rassemble en Suisse pour contribuer au bien-être des habitants urbains.
Dans le classement des smart cities de 2023, il faut descendre à la sixième place pour trouver une ville de plus d’un million d’habitants : Londres. C’est que la méthodologie des enquêtes sur ce point est en défaveur des mégapoles, et leur inertie structurelle. Pour autant, des métropoles d’importance comme Amsterdam ou Paris ne se tiennent pas éloignées et réalisent de nouveaux progrès chaque année. Écoquartiers, bâtiments publics connectés, mesures touchant aux transports, sans oublier des efforts en matière de végétalisation contribuent à maintenir ces capitales dans le top des villes intelligentes contemporaines.
Les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite ont engagé depuis de nombreuses années la transformation de leurs principales villes, dans une optique d’adaptation à l’ère post-pétrole. C’est pourquoi l’on retrouve aujourd’hui les grandes métropoles émiraties de Dubaï et Abou Dhabi très hautes dans les classements des smart cities, tandis que Riyad, capitale saoudienne, progresse d’année en année dans ces mêmes évaluations. La construction plus vertueuse, l’introduction de moyens de transport plus durables (le métro de Riyad est entré en service il y a un an), des applications de service centralisées comme DubaiNow font des grandes cités du Golfe d’importants acteurs du marché des villes intelligentes et connectées.
Cloud souverain (le premier en Europe), déploiement anticipé de la 5G, projet gouvernemental Smart City Monaco, abribus connectés… La Principauté a depuis longtemps intégré la logique de smart city à sa gouvernance municipale et étatique : le programme Extended Monaco pour l’entreprise a montré la voie dans la volonté de mettre le numérique à l’honneur. Aujourd’hui, Monaco est particulièrement emblématique de l’essor de la PropTech (Property Technology), soit l’application de très hautes technologies à la construction et à la gestion des logements. En collaboration avec SMEG et Siradel, la Principauté a par exemple créé un « jumeau virtuel » de Monaco, une représentation en 3D extrêmement précise de la ville afin de coordonner construction, mobilité et travaux publics. Un « cadastre solaire » sert également à connaître et à organiser la production d’électricité de chaque bâtiment. Autant d’initiatives qui font de la Principauté une smart city à haut niveau de services, et une cité-État pionnière en matière de digitalisation.
La transformation de Monaco en smart city se mesure également du côté de la vie quotidienne. Georges Gambarini, responsable du programme Smart City à la Délégation Interministérielle chargée de la Transition Numérique, le précise : « La mission [du gouvernement] est ambitieuse : améliorer et simplifier le quotidien des habitants de la Principauté, des travailleurs et de toutes les personnes de passage. » Une volonté qui se mesure d’ores et déjà à travers « des services numériques qui permettent à la population un accès facilité aux ressources de la ville et à leurs préoccupations du quotidien », et notamment des applications pour obtenir des informations sur les chantiers et les voiries, des horaires et des tickets de transports en commun ou un agenda des événements dans la Principauté.
Pour l’avenir, la Principauté déploie actuellement des réseaux de capteurs (air et pollen, qualité de l’air, flux routier, flux piétons, ambiance sonore, etc.) afin de nourrir « un réseau de données réinjectées dans des outils d’aide à la décision », explique Georges Gambarini. L’objectif ? Utiliser le Big Data pour aménager « la mobilité, la sécurité et la planification urbaine » en s’appuyant sur ce qui se passe au quotidien. Un nouvel outil de transformation dont les premiers effets ne tarderont pas à se matérialiser dans toute la ville !
D’ici 2028, le marché des smart cities à l’échelle mondiale devrait dépasser 2 900 milliards de dollars. C’est dire l’enjeu important de la transformation urbaine en cours et à venir dans ces villes intelligentes. Et la technologie n’est pas le seul ressort de cette « industrie » : les habitants, s’ils perçoivent les initiatives innovantes, aspirent très majoritairement à ce que leurs villes deviennent des modèles en matière de durabilité, d’environnement, d’inclusivité et de diversité.
Une concurrence et une émulation se mesurent aujourd’hui entre les villes du monde entier. Capitales, grandes métropoles, cité-État et villes moyennes rivalisent en attractivité à l’aide de grands projets et leurs dirigeants (maires, gouverneurs, princes, bourgmestres, etc.) s’avèrent parfois aussi populaires que les chefs d’État. Le top 15 à suivre montre l’effort mené mondialement pour améliorer la qualité de vie et l’impact de l’activité humaine à l’échelle urbaine.
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