Publié le Novembre 10, 2022Mis à jour le Novembre 28, 2024
LETTER, c’est le titre du nouvel album du pianiste prodige Sofiane Pamart. 18 morceaux dont chaque titre est un élément de la phrase « Dear Public Your Love Saved Me From Solitude Forever Sincerely Sofiane P.S. I Wrote This Album In Asia ». Une lettre d’amour écrite en noir et blanc dont l’artiste a partagé les plus beaux passages le 30 Novembre, à l’Opéra Garnier de Monte-Carlo, dans le cadre du Monte-Carlo Jazz Festival 2022. Rencontre.
Quelques mots sur ce qui a nourri ce nouvel album ?
Sofiane Pamart : C’est le changement de vie que j’ai vécu entre d’une part mon premier album Planètes, celui qui m’a fait connaître et avec lequel j’ai affirmé une première identité au piano et d’autre part, ce moment où ma musique a commencé à rentrer dans la vie du public. Les gens se sont alors mis à me laisser de nombreux témoignages. J’ai senti ma vie se métamorphoser ! Au moment de composer mon deuxième album, il y avait déjà quelque chose de profond qui avait changé et qui m’a beaucoup inspiré dans mon processus d’écriture. Je m’étais alors lancé dans un grand périple à travers l’Asie – le voyage m’inspire toujours beaucoup ! – avec, à la différence du premier album, ce public avec lequel j’entamais une histoire. Je voulais donc vraiment exprimer ma reconnaissance, dire merci à ce public à qui je dois tout.
Quelle place avez-vous le sentiment d’occuper sur la scène musicale ?
S.P : J’ai la sensation et le privilège de transformer en force ce qui, au départ, pouvait passer pour une faiblesse : m’exprimer seul, simplement avec mon piano. Sans chanter, sans rapper. Au début, je pense que cette proposition artistique a surpris plus d’une personne. Il m’a fallu alors prouver plus. Mais aujourd’hui, je peux enfin recevoir le fruit de mon travail. Affirmer librement ce qui m’a toujours tenu à cœur. Affirmer ma propre identité et ne pas agir en fonction de ce que l’on attendait de moi.
« Jouer grand et pour tous », qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
S.P : Je veux d’abord parler au cœur, à l’émotion. Selon moi, le cérébral doit venir après. On peut en effet réfléchir la musique mais ce n’est pas ce qui m’intéresse le plus. Je souhaite surtout procurer de grandes émotions. Accompagner les émotions des mélomanes comme celles des moins avertis, au-delà de toute classe sociale. Je veux quelque chose de très englobant, je tiens beaucoup à la notion de musique populaire. Celle qui entre dans le cœur des gens, dans leur vie, la vraie. Et c’était aussi un moyen pour moi de me sortir du côté savant de la musique classique.
Vous étiez en concert le 30 novembre à l’Opéra Garnier de Monte-Carlo dans le cadre du Monte-Carlo Jazz Festival 2022.
Que vous inspire cette salle emblématique et ce festival ?
S.P : Je suis très honoré ! J’ai déjà écrit une première histoire avec l’Opéra Garnier. Celui de Paris où j’ai eu la chance de passer une journée entière, l’opéra rien que pour moi, le temps d’un tournage avec mes amis de Bon Entendeur pour le clip d’Alba. C’est ce genre de lieux qui ont formé les rêves de mon enfance et pour lesquels je n’ai que de l’admiration. Et puis, peu à peu, j’ai osé me dire qu’un jour je parviendrai à m’y produire, j’arriverai à y inscrire ma propre histoire. C’est ce rêve qui prend forme aujourd’hui avec un public prêt à me rejoindre dans ce lieu prestigieux pour écouter ce que j’ai à leur proposer avec ma musique.
Retour en images sur le concert de Sofiane Pamart qui s'est déroulé fin Novembre, à l’Opéra Garnier de Monte-Carlo, dans le cadre du Monte-Carlo Jazz Festival 2022 :
Cette salle, ce festival... Ils sont un peu comme vous finalement ? Pas vraiment fan des étiquettes... Votre jeunesse, vous l’avez passée avec du rap dans les oreilles tout en apprenant à vos doigts à maîtriser, au conservatoire, le répertoire de la musique classique... Que vous a apporté cette double « éducation » ?
S.P : D’abord j’ai été chercher ce qui me semblait être les qualités de chaque approche : la rigueur du classique, sa culture de l’excellence, du perfectionnisme, un apprentissage qui se transmet depuis des siècles, de maître à élève. J’adore cette culture et la trouve fascinante même si, forcément, elle peut manquer de spontanéité, portant sur ses épaules le poids des géants qui ont écrit son histoire, ses codes. C’est une musique du patrimoine dont les codes peuvent parfois vous éloigner de la vraie vie et de l’instant présent. Et c’est justement ce que je puise dans le rap. Là où la musique classique exige souvent que l’on prenne plus de temps pour se sentir prêt – et on ne l’est jamais vraiment ! -, le rap est la musique de l’instant présent. Que l’on soit prêt ou non, on se lance ! On enregistre en free style ! On se met en scène devant une vidéo même s’il s’agit d’un premier projet…
Côté personnalité, quelle serait votre part « classique » et votre part « rap » ?
S.P : Et bien je pense que le classique c’est ma technique : mes doigts ! Et le rap c’est tout le reste !
Une autre étiquette que vous vous amusez à faire voler en éclat, celle de l’image. Vous travaillez la vôtre avec élégance, précision et exigence. Qu’est-ce que cela « raconte » de vous ?
S.P : J’aime ce jeu de théâtre où l’on se valorise les uns les autres. Un peu comme lorsque l’on se rend à l’opéra justement. Où l’on se tient d’une certaine manière, où l’on se rend d’une certaine manière. On s’amuse à se sublimer soi-même, on se met en scène et on se sent bien. Une façon d’apprendre à s’aimer peut-être aussi. Je retrouve également ce sentiment dans l’univers du luxe. J’aime d’ailleurs beaucoup travailler avec les marques haut de gamme qui veulent raconter une histoire, provoquer une expérience sensorielle à tout niveau. Cela m’a toujours fasciné et j’essaie de reproduire cela dans mon art.
Votre image vous a notamment valu d’être désigné « Nouveau Visage du Luxe » par le Salon du Luxe Paris, ainsi que de nombreuses collaborations avec des maisons et marques prestigieuses. (Ré)concilier récital, hip-hop et haut-de-gamme, c’est donc possible ?
S.P : Oui ! Une réconciliation qui, chez moi, est davantage une question d’attitude, car mon récital reste classique. La musique que je compose ne peut pas être « hip-hop ». En revanche dans l’attitude, j’ai vraiment des repères et une culture hip-hop. Elle se situe là, la réconciliation, dans l’état d’esprit.
Quel genre de mélodie ou quel morceau pour définir Monaco ?
S.P : Spontanément, je dirais Album dans LETTER ! J’imagine une mélodie tout en orfèvrerie, scintillante tel un bijou précieux. Il y a de cela dans Album, avec ses arpèges, ses trilles, avec ce jeu à la main droite très virevoltant. Cela pourrait tout à fait évoquer ce côté brillant, cette énergie que m’inspire Monaco a priori
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