Publié le Novembre 02, 2023Mis à jour le Décembre 11, 2024
Entre insouciance « Belle Époque » et élégance patricienne, entre esprit Dolce Vita et parfums d’Orient, entre Art nouveau du siècle dernier et nouveaux défis du siècle à venir : au détour d’un boulevard ou d’une avenue, au cœur d’un écrin de verdure ou au pied d’une tour moderne, la Principauté abrite de véritables merveilles architecturales. De somptueuses villas dont les silhouettes sont devenues les emblèmes de Monaco. Elles en sont à la fois la mémoire et le futur. Des lieux d’histoire mais aussi de réflexion autour des enjeux de demain. Petit tour de ville et d’horizon non exhaustif des plus belles villas de Monaco.
Sommaire
17 avenue Princesse Grace
Monaco
Avec sa façade qu’un Charles Garnier n’aurait pas reniée, elle demeure l’une des dernières villas Belle Époque de Monaco. Difficile de savoir exactement à quand remonte la pose de sa première pierre. Reste qu’au tournant du XXe siècle, la Villa Sauber était la propriété de Marie Blanc, la « grande dame de Monte-Carlo ». À ceci près qu’elle ne s’appelait pas encore Villa Sauber mais Villa des Bas-Moulins, du nom du quartier qui longeait le littoral. À cette époque, point encore de plage du Larvotto et la jolie propriété dévalait jusqu’au sentier bordant la Méditerranée. Le nom de « Sauber », elle le prend en 1904, lorsque le peintre anglais Robert H. Sauber en fait l’acquisition. L’aile ouest devient son atelier, l’artiste y installant ses toiles et chevalets. Avec sa femme, ils y resteront dix ans, avant de vendre la maison à la veille de la Première Guerre mondiale. Mais sans doute attachés au lieu, le peintre et son épouse la rachètent en 1925 pour définitivement la quitter au début des années 1930. Et après plusieurs propriétaires successifs, la villa et ses jardins deviennent en 1969 la propriété de l’État monégasque. Et c’est une Villa Sauber entièrement rénovée qui, trois ans plus tard, ouvre ses portes au public en tant que Musée national. Depuis 2009, de nombreuses expositions d’art contemporain habillent ses cimaises, au titre désormais partagé (avec la Villa Paloma) de Nouveau Musée national de Monaco (NMNM).
56 boulevard du Jardin exotique
Monaco
En 1913, l’Américain Edward N. Dickerson décide de rassembler six parcelles de terrain, éparpillées parmi plusieurs propriétaires, afin d’y faire élever une villa et son jardin. Nous sommes sur les hauteurs de Monaco, dans l’ancien quartier des Révoires, boulevard de l'Observatoire devenu depuis boulevard du Jardin exotique. Du haut de ses trois étages, celle qui se fait alors appeler la Villa Coquette domine la Condamine, le Rocher et le port Hercule – celui de Fontvieille n’existe pas encore. Il faut attendre son rachat en 1925 par un certain Robert W. Hudson et son mariage en 1932 avec une certaine Beatrice Sabina Gaudengio pour voir la villa prendre son nom de Villa Paloma. La maison sort gravement meurtrie de la Seconde Guerre mondiale et doit sa renaissance à monsieur Joseph Fissore, son nouveau propriétaire depuis 1950. La villa se voit alors assortie d’une piscine ainsi que de magnifiques jardins « à l’antique » signés Octave Godard, brillant disciple du paysagiste Édouard André. Quant aux vitraux de son grand hall, ils sont l’œuvre du maître-verrier niçois Fassi Cadet. Rachetée par l’État en 1995, la belle demeure patricienne devient en 2010, aux côtés de la Villa Sauber, le second lieu d’exposition du NMNM : à la fois miroir du patrimoine de la Principauté, lieu de diffusion de la création contemporaine et point de rencontre des disciplines.
17 avenue Crovetto Frères
Monaco
Lorsque le présent s’inspire du passé, cela donne L’Oiseau Bleu, joyau architectural édifié en 2011 et conçu par l’architecte Alexandre Giraldi. D’inspiration néoclassique avec ses balcons en fer forgé et ses colonnades, ce bâtiment d’exception rend hommage au patrimoine monégasque. Les halls d’entrée, d’un grand raffinement, sont signés du célèbre designer Jacques Garcia. Situé dans le quartier du Jardin exotique, l’immeuble de standing de 13 étages comprend 21 appartements de luxe avec terrasse, ainsi qu’une salle de sport. Un penthouse en triplex compose les derniers étages.
Avenue Princesse Grace - Quartier Saint Roman
Roquebrune Cap-Martin
Au bout d’une allée bordée de citronniers, de cyprès et de bougainvilliers, son architecture néoclassique se dresse sur trois niveaux à l’orée de Monaco : la Villa La Vigie veille depuis 1902 sur la baie de Roquebrune-Cap-Martin. Un havre de paix pensé et conçu par et pour le lord anglais Sir William Ingram, homme politique et de médias. Tout autour, surplombant la Grande Bleue, un magnifique parc arboré et paysagé en jardin exotique. Légèrement en contrebas, l’hôtel Monte-Carlo Beach, la légende des années 1930. Et au-delà, sans doute l’un des plus beaux panoramas sur la Méditerranée et la Principauté. Cette luxueuse villa doit surtout sa renommée pour avoir abrité entre ses murs le grand couturier Karl Lagerfeld qui, pendant plus de dix ans, y trouva l’inspiration pour ses créations et un décor idyllique pour son travail photographique. Ses intérieurs raffinés allient marbre et parquet, colonnes et cheminées. À l’extérieur, une vaste terrasse s’étire le long de la bâtisse, offrant une vue à couper le souffle. Propriété de Monte-Carlo Société des Bains de Mer depuis 1952, la Villa La Vigie restera inoccupée jusqu’à ce que Karl Lagerfeld décide en 1986 d’en faire sa résidence et ce jusqu’en 2000. Depuis, la demeure fait le bonheur de quelques clients privilégiés qui, le temps d’une semaine ou d’un mois, profitent d’une expérience hors du commun dans l’une des villas les plus prestigieuses de la Côte d’Azur.
57 boulevard du Jardin exotique
Monaco
Déconcertante, hors du temps, stupéfiante... Lorsqu’on l’aperçoit pour la première fois, en s’élevant sur les hauteurs du quartier des Moneghetti, la villa Ispahan laisse rarement indifférent. Jusqu’en 1986, on la surnommait Villa Danichgah, soit littéralement la « maison du poète ». Édifiée en 1910, cette somptueuse villa fut la demeure du Prince Arfa Mirza Riza Khan, diplomate persan et proche de SAS le Prince Albert Ier. Par ailleurs humaniste et homme de lettres brillant, ami de Pierre Loti. Avec sa femme, il habitera la villa, entouré d’objets d’arts, d’antiquités et autres trésors. Son architecture directement inspirée de la mosquée du Chah d'Ispahan, troisième ville d’Iran, reste un monument de raffinement persan en plein cœur de Monaco. Ses minarets bleus, sa façade de faïence colorée, ses inscriptions perses et ses arabesques symbolisant le lion solaire, emblème de la Perse impériale, lui confèrent son allure singulière. À l’intérieur, son marbre irisé, ses mosaïques et autres ornements à la feuille d’or sont d’époque. Musée d'art et de culture persans dans les années 1960, puis mise en vente en 2019, la Villa Ispahan est aujourd’hui le siège du consulat d'Indonésie à Monaco.
19 boulevard d'Italie
Monaco
À l’ombre de la vertigineuse tour Odéon, la Villa Riberi, de plus de 100 ans son aînée, coule des jours heureux au 19 du boulevard d’Italie, dans le quartier de la Rousse, où elle réside depuis 1908. « Riberi » du nom de son inspirateur, Paul Riberi qui n’imaginait pas, en confiant la construction à l’architecte Victor Isouard, voir un jour sa merveille d’Art nouveau encerclée de verre et d’acier. Art nouveau ? Pas tout à fait, en réalité, la Villa Riberi s’amusant à brouiller les pistes dans un style éclectique du plus bel effet, entre bow-windows, toit en croupe et aisseliers en bois. De part et d’autre de sa façade, des inscriptions : « Grand entrepôt d’œufs volailles et fruits ». Des réminiscences d’autrefois et des marques de l’histoire, celles de l’inspirante Belle Époque monégasque. Aujourd’hui, la villa-immeuble est toujours bien « vivante », abritant plusieurs appartements.
23 avenue Hector Otto
Monaco
Parmi les demeures d’exception de Monaco, la Villa Troglodyte de l’avenue Hector Otto compte assurément parmi les plus singulières. Première du genre en Principauté, elle est l’œuvre géniale de l’architecte Jean-Pierre Lott. L’idée ? Façonner l’habitation à partir de ce que nous offre notre environnement. Faire entrer la maison dans le paysage et non l’inverse. Creuser les volumes, évider plutôt que construire, puiser la lumière et ouvrir ses propres perspectives, exploiter les énergies naturelles, entre géothermie, énergie solaire et autre récupération d’eau de pluie. C’est là tout l’enjeu de cette villa toute habillée de roche et de végétation dans laquelle on pénètre via une faille. Puis, par une petite passerelle suspendue, on franchit un bassin aux airs de lac souterrain jusqu’à rejoindre un vaste hall au parquet de bois recyclé. La villa se dresse alors sur ses cinq niveaux, tous baignés de lumière naturelle via des fenêtres sur mesure faisant corps avec la pierre. Et à travers ce dialogue entre la roche et le construit, la Villa Troglodyte de poser la question du rapport de l’homme à la nature... Une véritable prouesse architecturale et environnementale, un formidable défi d’ingéniosité et une passionnante réflexion sur ce à quoi pourrait ressembler l’habitat de demain.
Photo : @ Loïc Thebaud
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