Publié le Décembre 12, 2024Mis à jour le Décembre 12, 2024
On célèbre cette année le centenaire de la naissance de Pierre Boulez (1925-2016), l’un des plus grands musiciens modernes et dont Bruno Mantovani, directeur du Printemps des Arts, se sentait humainement et artistiquement très proche. Par sa polyvalence, Boulez a été une figure pivot de la musique dans la seconde moitié du XXe siècle.
« Le plus simple pour la programmation de ce festival, aurait été de jouer toutes ses compositions et il y aura bien un concert consacré
intégralement à sa musique que je dirigerai le jour de son centenaire. Mais nous avons aussi voulu brosser un portrait plus large du compositeur, chef d’orchestre, pédagogue qu’il était car il était très engagé dans la société de son temps et avait d'ailleurs une grande tendresse pour la Principauté où il est venu donner des concerts. Ce sera donc l’occasion de revenir sur ses inspirations françaises et viennoises, ses amitiés avec Stockhausen et Berio, mais également ses adversaires, ses descendants et son rôle dans l’histoire de la musique », se réjouit le directeur artistique.
Comme un clin d’œil aux trois précédentes éditions du Printemps des Arts qui portaient sur le thème Ma fin est mon commencement, et créaient la surprise en mettant en regard les œuvres de jeunesse et de maturité de compositeurs, la soirée du 26 mars, jour anniversaire du musicien, sera dédiée à une sonatine joyeuse et virevoltante pour flûte et piano, qu’il a écrite alors qu’il venait à peine de terminer ses études au Conservatoire avec Olivier Messiaen, et à l’une de ses dernières œuvres majeures, Dérive 2, un sommet de virtuosité déployé sur 45 minutes
Si cette édition est plus tournée vers la musique contemporaine que celles qui l’ont précédée, elle ne fait pour autant pas table rase du passé :
« J’admire la vivacité, la sensualité et la modernité de la musique de Pierre Boulez, qui n’était pour autant pas amnésique et se plaçait résolument dans une logique d’héritage. Il faisait des choix très forts avec une vision d’aigle et n’aimait pas du tout l’opéra italien alors qu’il adorait Wagner, Bruckner, Debussy et Ravel. Il était très attaché aux compositeurs qui incarnaient une forme de modernité comme les trois viennois Schoenberg, Berg et Webern », poursuit Bruno Mantovani.
Grand animateur de la vie musicale par ses écrits et ses interventions au Collège de France, Pierre Boulez a dirigé des orchestres et créé des institutions comme l’Institut de Recherche et de Coordination Acoustique et Musique (Ircam), un incroyable laboratoire tourné vers les sons nouveaux.
Il était très ouvert aux autres disciplines et a dirigé de la musique de ballet, en particulier les grands ballets de Béla Bartók. La poésie a aussi été pour lui une grande amie et l’a accompagné toute sa vie, comme en témoignent ses écrits sur René Char et Stéphane Mallarmé. Et le directeur artistique de conclure : « La figure de Pierre Boulez est celle d’un musicien total, qui avait une connaissance aiguë de l’histoire de la musique et était sensible à la danse. Nous avons ainsi la joie de collaborer ici avec les Ballets de Monte-Carlo et nous avons prévu beaucoup de conférences cette année avec des compagnons de route qui l’ont bien connu comme Laurent Bayle et de grandes personnalités de la musicologie moderne, témoins de la passion de Pierre Boulez »
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