Publié le Octobre 25, 2022Mis à jour le Juin 19, 2023
Compositeur, producteur, chroniqueur TV... Sous la multi-casquette d’Alex Jaffray fulminent 20 ans d’amour inconditionnel pour la musique sous toutes ses formes. 20 ans qu’il compose ici la BO d’un film, là un générique TV, là encore l’identité musicale d’une marque... 20 ans de passion qu’il partage à l’écran, sur les ondes et désormais sur scène.
"Pourquoi vous allez enfin aimer le jazz", amusez-vous à sous-titrer la masterclass que vous vous apprêtez à donner. Pourquoi aurait-on toujours du mal à l’apprécier ?
Alex Jaffray : Parce que le jazz est une musique hautement « segmentante », qui semble exclure les auditeurs qui n’en ont pas les clés. Il était temps de rétablir la vérité : le jazz est une musique pour tout le monde !
Encore parfois taxé, c’est vrai, de musique d’élite et de niche pour mélomanes avertis, le jazz plonge pourtant ses racines au cœur de la plus populaire des Amériques. Un drôle de paradoxe, non ?
A.J : Vous avez raison ! J’ai eu la chance de rencontrer Lalo Schifrin, compositeur de génie connu notamment pour son thème inoubliable de Mission Impossible – la série –, ou encore pour les bandes-son de films tels que Bullitt ou L’Inspecteur Harry... Lalo Schifrin, donc, qui a eu cette phrase magnifique : « Le jazz est la musique classique américaine. » Comme toutes les formes d’arts sophistiqués, le jazz a peut-être parfois placé une trop grande distance entre sa musique et un public non averti… À moins que cela ne soit pas le jazz mais les amateurs « éclairés » qui ont eux-mêmes érigé cette sacro-sainte chapelle musicale autour du jazz...
Et vous, le jazz, à quel genre d’émotions ou de visions cela vous renvoie-t-il ?
A.J : Une densité inégalée, une prise de risque pour les improvisations, une musique très réfléchie et en même temps dans l’instant.
Votre premier souvenir de jazz ?
A.J : Jean-Sébastien Bach ! Non, je plaisante mais peut-être Bach revisité par le pianiste Jacques Loussier. J’évoquerais bien également le groupe américain Blood, Sweat and Tears, savant mélange de jazz, de rock et de blues. Ou encore la première fois que j’ai entendu un solo de tuba par l’incroyable Dave Bargeron.
Une rencontre qui vous a marqué ?
A.J : Gilles Marsan [ndlr, directeur artistique du Monte-Carlo Jazz Festival] ! Et autrement, peut-être aussi Clint Eastwood, immense passionné de jazz.
Quels sont les artistes jazz qui ont « façonné » votre oreille ?
A.J : Le pianiste Dave Brubeck et son quartet, le jazz fusion québécois du groupe Uzeb ainsi que Keith Jarrett, qu’il soit en trio, avec Gary Peacock et Jack DeJohnette, ou seul, en impro derrière son piano.
De Joshua Redman et Brad Mehldau à Jethro Tull et Magma en passant par Cécile McLorin Salvant, Melody Gardot, Anouar Brahem et bien d’autres... Un mot sur la programmation de cette édition 2022 du MCJF ?
A.J : Je suis un grand grand fan de Brad et Joshua – oui, j’aime utiliser les prénoms comme si nous avions gardé des Steinway ensemble. Je connais la facétieuse Melody, son nouvel album piano-voix Entre eux deux, enregistré avec Philippe Powell, est un bonbon ! Cette programmation 2022 est très belle, éclectique à souhait. Et j’ai hâte de découvrir le mythique Magma en version orchestre !
Une chronique musicale dans Télématin sur France 2, l’animation de TedX, un programme court, Le Son d’Alex, désormais décliné en version longue dans un spectacle de stand-up musical autobiographique... Comment expliquez-vous ce besoin irrépressible de partager ce qui semble vous animer depuis 20 ans ?
A.J : Me voilà démasqué ! Effectivement, j’ai cette envie de pédagogie ludique chevillée au corps. Sûrement parce que j’ai eu la chance d’avoir des maîtres généreux, disponibles et qui, par le partage de leurs passions, ont nourri la mienne.
Dans une interview, vous faisiez le distinguo entre « faire connaître » et « donner des leçons ». Qu’est-ce que cela dit de votre approche de la transmission ?
A.J : L’apprentissage demande toujours un effort, autant le faire en activant le rire et la curiosité. Une façon de joindre l’utile à l’agréable.
« Agitateur musical », « vulgarisateur » ... Ce sont des qualificatifs que vous acceptez volontiers ?
A.J : Agité, sans aucun doute [ndlr, rires et bras qui brassent de l’air].
Cette masterclass, dans quel état d’esprit allez-vous l’aborder ?
A.J : Comme une chance et aussi comme un prototype. C’est une création avec mon camarade au piano, Olivier Decrouille.
Avec quels arguments pensez-vous pouvoir nous « faire enfin aimer le jazz » ?
A.J : Je ne peux pas révéler le contenu de cette masterclass (chut !) mais il est fort possible que vous découvriez que vous étiez déjà en amour avec le jazz avant de rentrer dans la salle.
Monaco, terre de jazz… qu’est-ce que cela vous inspire ?
A.J : J’ai eu la chance d’être commissaire de l’exposition Monaco on Stage, 100 ans de concerts à Monaco.
Ce qui m’a donné accès à la liste d’artistes incroyables, jazzmen et women qui sont venus faire vibrer l’air monégasque. Cela m’inspire l’envie de prendre une DeLorean et de voyager dans le temps pour être spectateur de tous ces concerts.
Un spot de prédilection ici ?
A.J : Le Bar Américain, mais attention la téquila est hors de prix !
Si Monaco était un morceau de jazz, lequel et pourquoi ?
A.J : Lullaby of Birdland, cette formidable chanson d'amour, immense standard de jazz américain composé en 1952 par George Shearing et rendu célèbre par la voix de Sarah Vaughan. Il sera par ailleurs repris par les plus grands tels que Charlie Parker, Duke Ellington, Ella Fitzgerald ou encore Peggy Lee. Pourquoi ce morceau ? Parce que... bon, en fait l’explication serait bien trop longue !
En bref :
Quand ? Le 12 novembre 2022 dès 17h
Où ? Au Salon Eiffel de l'Hôtel Hermitage Monte-Carlo
Comment ? [email protected]
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