Publié le Juin 10, 2024Mis à jour le Juin 17, 2024
L'intelligence artificielle (IA) est devenue un sujet d'envergure pour le grand public, en partie grâce à l'accessibilité de Chat GPT. Alors que l'IA moderne existe depuis près d'une décennie, les avancées récentes ont considérablement augmenté sa visibilité et son impact. Dans des secteurs comme la finance, l'IA est déjà utilisée pour des tâches spécifiques telles que la détection de fraudes, bien que son plein potentiel reste à explorer. Jacques-Aurélien Marcireau, co-responsable de la gestion actions pour le groupe Edmond de Rothschild et gestionnaire du fonds thématique « Big Data », apporte son éclairage sur l'intelligence artificielle (IA), une technologie souvent entourée de fantasmes.
Aujourd’hui, l’IA est un sujet très grand public. L’accessibilité de Chat GPT a-t-elle permis une prise de conscience collective ?
Jacques-Aurélien Marcireau : L’IA existe depuis près d’une dizaine années sous sa forme moderne, le machine learning. Une nouvelle technologie est apparue il y a cinq ans, les transformers, qui a permis la construction notamment de Chat GPT. Désormais, l’IA est face au consommateur final, alors qu’auparavant elle était en back-office dans les systèmes d’information, donc transparente. Cela a contribué à une prise de conscience du grand public, et a participé à l’euphorie ambiante autour de cette thématique.
Les inquiétudes exprimées sur le possible remplacement de l’homme par la machine sont[1]elles légitimes ?
Jacques-Aurélien Marcireau : Selon Yann Le Cun, chercheur en IA, elle reste un outil. C’est un amplificateur d’intelligence humaine qui permet de décupler le potentiel de son utilisateur. Nous sommes loin d’avoir une technologie parfaitement fiable. En 2015, des voitures autonomes circulaient dans les rues de San Francisco et de Shanghai; deux ans après, General Motors et Ford annonçaient qu’ils produiraient en masse des véhicules autonomes dès 2021. En 2024, ce n’est toujours pas le cas ! La recherche de la fiabilité prend beaucoup de temps. Aujourd’hui l’IA générative ne peut remplacer l’homme, c’est plutôt un outil de gain de productivité marginal.
Quelles applications de l’IA sont les plus utiles à l’industrie financière?
Jacques-Aurélien Marcireau : L’industrie financière, banque et assurance, est le premier secteur en termes de dépenses informatiques ; elle envisage la data sous forme de création de valeur depuis longtemps. Il y a beaucoup de cas d’utilisation de l’IA dans ce secteur, par exemple dans la détection des fraudes. En revanche, en ce qui concerne l’IA générative, nous avons encore peu d’applications. Donner un accès à Chat GPT sécurisé aux collaborateurs, cela peut améliorer la productivité de 5 à 10 %, mais sans révolutionner le monde de la finance. Nous sommes à la recherche de l’optimisation de cette nouvelle génération d’IA.
L’IA est-elle capable de progresser par elle-même ?
Jacques-Aurélien Marcireau : Non. En revanche, plus elle est nourrie en puissance de calcul et en données de qualité, meilleurs sont les résultats. La puissance de calcul est satisfaisante et sera bientôt à la portée de beaucoup d’entreprises ; cependant, la data est un facteur limitant. Les entreprises gagnantes sur le marché de l’IA seront celles qui auront des données propriétaires à la taille critique. C’est ce à quoi il faut être attentif.
Le big data est-il une source de création de valeur pour les investisseurs ?
Jacques-Aurélien Marcireau : Plus que jamais. Les entreprises qui ont de la donnée et qui savent s’en servir attirent l’attention des investisseurs. C’est une évidence mais ce n’est pas encore une réalité économique. Prenons l’exemple du secteur de la santé : en agrégeant la data, on améliore la qualité des soins et la rentabilité des fournisseurs de technologies. Mais aujourd’hui, la data ne circule pas dans le monde de la santé car les différents silos d’expertise n’échangent pas entre eux. Ces obstacles techniques freinent. Des cas d’usage seront passionnants à analyser selon les secteurs. Cela prendra plus ou moins de temps. C’est le contexte de vélocité de diffusion de l’innovation qui va compter !
Gérard Ohresser
Director, Edmond de Rothschild Monaco
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